7 Novembre : l’île de Moyo se mérite. Un seul bateau public fait le trajet une fois par jour depuis la grande île de Sumbawa (au niveau de Goa, près de Pesar). Dans ce bateau, l’ambiance est presque Africaine avec toutes les femmes (voilées) qui reviennent du marché et gloussent en voyant arriver des blancs. Le départ n’a évidemment lieu que lorsque le navire est rempli à ras bord de marchandises et de passagers.
Nous nous entassons dans le fond, soit couchés, soit assis par terre, car il est impossible d’être assis normalement, tellement le plafond est bas. Puis nous assistons au chargement par-dessus nos bagages empilées dans la soute, de : 2 frigos, 10 plaques de tôle, 12 sacs de ciment, 20 bouteilles de gaz, 2 TV, un triporteur, 2 motos et un scooter.
Dès que le bateau se met en marche, toutes les femmes qui papotaient et mangeaient en attendant le départ, s’allongent pour dormir. Contrairement à nous, elles savent que le bateau ne va pas remuer dans tous les sens.
Et effectivement, malgré la mer agitée, le pilote reste très cool en dirigeant avec les pieds (ci-contre à gauche). Car le long bateau très profilé tient merveilleusement la mer. Il fend les vagues, imperturbable, sans le moindre tangage ni roulis. Sur un speed boat, la moitié des passagers auraient déjà vomi. Ici, rien de tout cela, et les femmes se sont endormies.
Nous comprendrons plus tard en admirant sur l’île un bateau similaire en construction, combien ces navires faits à la main, entièrement en planches de bois sans une seule vis, sont des chefs d’œuvres. Que nos amis Bretons ou Saintois nous pardonnent, nous n’avons jamais pris de bateau qui tienne aussi bien la mer.
Avant de débarquer sur Moyo, il nous faut récupérer nos bagages sous les sacs de ciment et autres (photo de gauche), dans la soute.
Une fois sur l’île, nous réalisons qu’en faisant abstraction des téléphones portables et des déchets plastiques, nous effectuons un bond de 50 ans en arrière. Les habitants vivent de pêche, d’élevage et d’agriculture, la vie s’y écoule doucement, avec une joie de vivre et des sourires permanents.
Un mariage a été célébré lors de notre passage. Nous étions les bienvenus pour participer à la fête et nous sommes vu offrir, comme tous les invités, des parts de gâteaux dans des boites individuelles. Pendant toute la journée le village a préparé et décoré une immense estrade où le soir venu, les jeunes mariés et leurs parents ont posé dans d’énormes fauteuils pendant des heures. Nous croiserons le lendemain un bateau semblable à celui qui nous a transportés sur l’île (ci-dessous) rappariant dans un autre village de l’île tout ces décors.
La plupart des constructions sont rudimentaires, avec une seule grande pièce à tout faire :
L’eau abonde sur l’île grâce à des nappes phréatiques très peu profondes (moins d’un mètre dans le village principal) exemptes de sel à part lors des grandes tempêtes.
Alors Moyo est-elle un paradis de nature et de vie, préservé des débordements de la civilisation du XXIème Siècle ? Pour Jeff, l’un des 2 seuls habitants occidentaux de l’île, on s’en rapprocherait. Deux choses sont toutefois difficiles à vivre : les 3 mois de Janvier à Mars où les tempêtes se succèdent, et l’absence de système de santé : aucun médecin sur l’île et la seule ‘infirmière’ ne dispose de rien, même pas de désinfectant. En cas d’urgence, il y a le ferry : 2h minimum de trajet une fois par jour si la météo le permet, si le moteur fonctionne, si l’équipage est présent, si…
En tant que simples voyageurs, nous rajouterons comme petits obstacles sur le chemin du paradis terrestre : les déchets, certes beaucoup moins présents que dans certains endroits de Lombok et Sumbawa, mais tout de même, et le réveil par l’appel, ou plutôt par les vocalises du muezzin, qui durent ½ h tous les matins à 4h…