Si vous n’avez qu’une Médina à visiter au Maroc, c’est indubitablement celle de Fès (Fès-el-Bali) que l’on vous conseille de découvrir. La plus grande, la plus authentique, la plus riche en monuments, elle vous fera plonger véritablement plusieurs siècles en arrière et fera craquer les amateurs d’artisanat.
Fès est sorti de la lente décomposition qui peu à peu entrainait l’effondrement de ses riads, de ses monuments et des maisons plus modestes qui en faisaient un joyau, un musée ouvert. Grâce à des fonds de l’UNESCO et des USA en particulier. Le Souk des teinturiers par exemple, le plus célèbre du Maroc, a été restauré comme beaucoup d’autres sites de Fès. Le confort des tanneurs a été amélioré notamment avec des boxes tout autour pour qu’ils puissent se changer et se nettoyer.
Le Souk des dinandiers en photo à gauche (martelage du cuivre, de l’étain), place Seffarine avec son arbre caractéristique, a beaucoup perdu de son activité et du vacarme qui allait avec, mais pas de son charme. Parmi les monuments caractéristiques : la grande mosquée Karaouine (où seuls les musulmans peuvent pénétrer), les medersas (sortes d’universités coraniques) et les célèbres fontaines décorées. Le système d’adduction d’eau millénaire mis en oeuvre dans toute la Médina est un chef d’oeuvre d’ingéniérie. Il a en permis le développement notamment lorsque Fès était capitale impériale. Et fait étonnant, cela est arrivé 3 fois dans l’histoire du Maroc. D’abord sous la Dynastie des Idrissides (788-974) qui l’on fondée. Puis sous les Mérinides (1269-1470) dont les tombeaux offrent une belle vue sur la Médina (ci-dessous) et enfin sous les Aloaouites (1666 à nos jours avec M6).
Infos pratiques : Les portes d’entrées les plus fréquentées sont voisines et à l’Est, en haut : Bab-Mahrouk et Bab Bouloud. Pour sortir des sentiers battus, nous vous conseillons de rentrer par le bas, par Bab R’cif avec sa pénétrante le long de l’oued au Sud. Dans la Médina, repéréz-vous par raports au 2 axes presques parallèles qui la traversent d’Est en Ouest pour aboutir à la Grande Mosquée Karaouiyne : Talaa Kebira et Talaa Seghira. Vous pouvez monter par l’un et redescendre par l’autre pour faire une sorte de boucle.
Fondouk et fontaine En Nejjarine Fondouk et fontaine En Nejjarine Fondouk : Sur la toute petite place du même nom, agrémentée d’une fontaine très photographiée sur le côté. Depuis la rue du Grand Talaa . Magnifiquement rénové grâce au programme de restauration mis en place depuis le classement de Fès au patrimoine mondial de L’Unesco, cet ancien fondouk abrite le musée des arts et métiers du bois. Devinez comment dit-on bois en arabe ? Nejjarine. Et les artisans fassis ont vraiment apporté depuis les balustrades jusqu’aux plafonds finement sculptés la preuve de leur talent. Dans les salles, tous les objets et ustensiles possibles réalisés en bois, jusqu’aux étonnantes chaires mobiles (non radioactives). Ne pas hésiter à monter jusqu’à la terrasse d’où vous pourrez tenter de vous y retrouver dans le dédale s’étalant sous vos yeux, qui abrite environ 300 autres fondouks de ce type. Cela donne le vertige et une idée de ce qu fût le rayonnement de Fès en matière de commerce caravanier.
Souk au henné : Depuis la rue du grand Talaa, peu après la ruelle menant à En Nejjarine, prendre du même côté lorsqu’on pénètre dans le souk Attarine. Cette placette triangulaire dont les échoppes étouffent deux aussi solides qu’inattendus arbousiers. Leur présence attestera que vous vous trouvez bien sur la bonne place. Quelques petits vendeurs subsistent face à l’avancée des bazaristes pour touristes : ils proposent, outre le henné pour les cheveux et tatouages, outre le khôl pour le maquillage noir, d’autres produits naturels de beauté féminine : terre spéciale dénommée «ghasoul» à utiliser comme shampoing écologique, teintures pour cheveux… Sur cette place s’élevait le plus ancien asile de fous du pays.
la Mosquée Karaouiyne : Tout en bas de la rue du grand Talaa. Bien que vous ne puissiez pénétrer à l’intérieur, nous ne pouvons passer sous silence cette immense mosquée dont on dit qu’elle peut recevoir jusqu’à 20 000 fi dèles. Elle fi gura parmi les plus grande mosquées du monde du temps où elle rayonnait dans tout le monde musulman. Vous pourrez tout de même jeter un œil furtif par une des 16 portes quasiment toujours ouvertes. Ecoutons Pierre Loti qui n’a pu y pénétrer mais a disposé de beaucoup plus de temps que vous pour en découvrir peu à peu l’intérieur : « Pour un peu j’entrerais; j’ai peine à me figurer que cela pourrait me coûter la vie… C’est une sorte d’amas de mosquées d’époques et de styles différents, c’est une ville de colonnes et d’arceaux de toutes les formes arabes. Tantôt des cintres lourds, écrasés sur des piliers trapus, se succédant en perspectives sans fin, avec d’innombrable lampes suspendues dans l’obscurité des plafonds; tantôt des cours, inondées de soleil, entourées de hautes colonnes frêles et d’arcades infiniment dentelées, d’un dessin toujours rare et exquis. » Pierre Loti – « Au Maroc ». La Karaouiyne abrite entre autres un minbar du XIIème siècle comme celui exposé à Marrakech au Palis El-Badi. Son nom à 5 voyelles d’affilée (certains l’écrivent même avec un i supplémentaire !) vient tout simplement des Kairouanais qui ont émigré ici suite à des « évènements » dans leur ville d’origine.
Medersa el-Attarine : jouxtant la mosquée Karaouiyne , côté Nord. Si vous n’avez pas d’indigestion de medersas, celle-ci vaut la visite. Nous vous épargnerons les superlatifs car la décoration reprend tous les standards de l’art Arabo-Andalou. Elle fut construite autour de 1324 par le prédécesseur de Abou Hassan puis Abou Inane, à savoir le Mérinide Abou Saïd Othman. Sa touche personnelle pour les non spécialistes réside dans un superbe lustre en bronze dans la salle des prières.
La mosquée des Andalous : Pour trouver cette grande mosquée le moins compliqué consiste à traverser l’oued. Si vous avez encore la forme ou si vous séjournez plus longtemps, vous pouvez poussez depuis le quartier des tanneurs jusqu’à cette grande mosquée : vous resterez naturellement sur le pas de la porte principale située au Nord mais de l’extérieur vous pourrez admirer son superbe auvent de bois. La mosquée a plus de mille ans mais la porte est plus jeune : elle fût bâtie sous les almohades au XIIIème siècle.
A l’extérieur de Fès el-Bali : Les tombeaux des Mérinides : Dominant la médina . La visite de ce site vaut surtout par la jolie vue qu’il offre sur toute la plaine du Sebou car les tombeaux, non dissimulés comme le furent ceux des Saadiens à Marrakech, sont en piteux état, même si l’ensemble a une certaine allure depuis la ville. Etonnant manque de reconnaissance de la ville envers la dynastie mérinide qui restitua à Fès son rôle de capitale. Elle connût ainsi son apogée aux XIIIème et XIVème siècles, époque à laquelle furent construits les tombeaux qui s’effritent sous vos yeux. Pour vous donner une idée de l’ambiance feutrée et détendue qui régnait chez les Mérinides en ces temps-là : Abou Inane, le sultan de la medersa Bou Inania, qui avait fait se révolter l’armée contre son propre père pour prendre sa place, fût à son tour trahi par son vizir qui l’étrangla alors qu’il n’était âgé que de 29 ans. Tout ce remue ménage facilita la percée portugaise qui allait suivre. Une autre nécropole mérinide se trouve au Chellah de Rabat.
Dans Fès el-Jédid : Le Mellah : Le quartier juif. Vous remarquerez les ouvertures des bâtiments sur l’espace public, sur les rues, bien plus nombreuses qu’à Fès el-Bali où la tradition oriente tout vers l’intérieur des batiments comme dans les ryads avec leur cour centrale.
Le Palais Royal : Vous devrez vous contenterez d’admirer la porte principale, à moins que du sang royal ne coule dans vos veines.