22 – 23 mai 2018 : Les amis nous avaient prévenus, nous savions à quoi nous attendre : Les 15h de bus entre le lac Toba et Bukittingui sont désignés par les Anglo-Saxons comme le bus du cauchemar. Cela commence à 14h30. Nous devons rejoindre par le bateau (celui qui nous avait déposés devant notre hôtel 2 jours plus tôt) Parapat sur la rive
extérieure du lac. Nous avons tous pratiqué avec plus ou moins de patience les taxis collectifs du monde entier qui tournent et retournent pour faire le plein de passagers et ne partent que lorsque la hauteur d’humains entassés à l’intérieur atteint le plafonnier. Et bien, c’est la 1ère fois que nous voyons un bateau procéder de même. Comme il n’y a que nous sur le rafiot prévu pour une bonne soixantaine de personnes (c’est vraiment la saison creuse et on se demande si elle ne dure pas toute l’année à Tuk-Tuk), le pilote attend, puis refait le tour de l’île puis repart dans l’autre sens en espérant récupérer du monde. Nous voyons notre avance pour attraper le bus à Parapat fondre, mais surtout nous nous demandons s’il va traverser rien que pour nous deux : 40 minutes de trajet tout de même, pas pensable à la nage. Finalement, il tournera 1/2h pour récupérer une personne… et se décidera à traverser.
Le plus incroyable et le plus dramatque est que quelques jours plus tard, un bateau identique surchargé va couler à pic entrainant la mort de plus de 200 personnes.
Ouf just in time pour attraper notre bus… qui partira avec une heure et demie de retard !!! Les bonnes surprises d’abord : le bus est relativement confortable, avec sièges inclinables qui fonctionnent ! Il est plus rutilant que récent mais ses amortisseurs feront des merveilles dans les différents reliefs du bitume ou de ce qu’il en reste. Naturellement, alors qu’il fait bon dehors, la clim est à fond à l’intérieur et ils donnent des couvertures pour ne pas avoir froid. Ne marche-t-on pas sur la tête du réchauffement climatique ? Nous avions prévu le coup et la doudoune n’était pas de trop au début. Nous avions subodoré également le volume de la musique d’ambiance en nous équipant de casques audio (et même le gros fermé pour Joëlle). Nous n’avions pas prévu qu’ils la mettraient à donf toute la nuit. Nous avions prévu également les innombrables virages en essayant d’obtenir des places à l’avant. Nous n’avions pas prévu qu’il y en aurait autant aussi serrés car nous n’avions jamais vu çà. Même la route des gorges du Verdon (la petite au Sud) ressemble à une piste d’atterrissage pour A 380 à côté. Un virage tous les 20 m dans certains tronçons. Et quand on entend Trans-Sumatra, on s’attend au moins à une largeur de nationale, au pire de départementale pour les passages difficiles. Loupé ! A peine un chemin vicinal !!! Donc imaginez comment çà se passe quand 2 camions ou bus se croisent. Heureusement que nous avons roulé de nuit sans trop de trafic … à part les camions qui tenaient le même raisonnement. Dans les endroits escarpés taillé dans la roche, on a cru 2 fois qu’elle allait exploser la vitre tellement on passait près. Dans ces moments-là, le chauffeur, c’est comme le moniteur de parachutisme à qui tu es rattaché, tu l’AIMES comme dirait Bigard. Vraiment impressionnant de précision ! Pour corser le tout, nous avons l’impression de traverser un village de 450 km de long. A part dans les endroits très escarpés, une rangée d’habitations de toutes les formes, cabanes, maisons, mosquées…longe ce cordon de civilisation humaine noyée au milieu de milliers de km² de jungle. Donc tout le long, des camions, voitures et motos sont garées n’importe où, réduisant encore plus la largeur de la route.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, malgré les virages, la route défoncée, la musique à fond… Phi a réussi à dormir relativement longtemps bien qu’il se soit fait réveiller une dizaine de fois pour les montées et descentes de passagers, au milieu de nulle part. Oui parce qu’à ce moment-là, le chauffeur allume en pleine figure tout le bus avec des guirlandes de lumières aussi blanches et puissantes que celles d’un stroboscope. Nous avons même eu droit à un arrêt supplémentaire vers 4h du matin pour que le chauffeur aille prier à la mosquée.
Bon là on se dit, çà ne peut pas être pire, à part d’avoir un chauffeur borgne et manchot. Et ben si ! Des pluies diluviennes sont venues agrémenter le tout. Cà ne serait rien s’il n’y avait pas des fuites tout le long du toit du bus au-dessus des sièges. Nous avons donc un nouveau jeu pour nous occuper : éviter les grosses gouttes d’eau qui tombent du plafond. Qu’à cela ne tienne, nous nous attendions à tout, nous sortons les K-ways. Le grand confort !! … au début, parce qu’au bout d’une heure, nous nous rendons compte que toutes ces fuites inondent le sol du bus et que nos sacs sont détrempés. Il nous reste plus qu’à les tenir à bout de bras car naturellement, aucun endroit pour les poser.
Franchement, nous en avons fait des routes intense, mais celle-là est high level ! D’ailleurs le lendemain, nous l’avons reprise sur une quinzaine de km (faut croire qu’on y avait pris goût) et un camion venait de tomber dans le vide.
Nous sommes presque déçus de ne pas avoir eu un diplôme à la fin comme ils le font en Thaïlande pour la route Chiang Maï – Paï – Mae Hong Son qui ressemble à une bucolique promenade de digestion en comparaison. Si vous avez fait d’autres routes du même genre comme la route de la mort qui descend des Andes à l’Amazonie, dîtes-nous, çà serait amusant de répertorier les routes de la planète les plus infernales.
Et encore vous n êtes pas tombé en panne en pleine nuit où rv aidait le chauffeur à reparer en l éclairant avec son téléphone. Vive les couvertures de survie. Biz
On n’ose même pas y penser ! Et combien de temps vous avez mis en tout ?
Si vous êtes passés par Padang, avez-vous fait des trucs passionnants ?
On vous embrasse !