De BOURAIL à POUM

18 Octobre 2023 : Nous partons ce matin de Bourail pour atteindre la presqu’île de Golone, près de Poum, tout au Nord, à 270 km. La route est OK tout le long, sauf les 5 derniers km pour atteindre le gîte au bout de la presqu’île.

L’ouvrage photographique le plus vendu dans le monde avec 27 éditions à l’étranger est  » La terre vue du Ciel  » de Yann Arthus-Bertrand. Sur sa couverture figure le Cœur de Voh, mondialement connu depuis sa parution.  Au départ, cette photo ne faisait pas partie de la sélection des 190 destinées à la publication. Puis peu à peu, elle est devenue une évidence pour le phonographe, jusqu’à ce qu’il l’impose à son éditeur contre son gré en tant que couverture.

 

L’arrivée à Voh n’est pas du tout celle à laquelle nous nous attendions. Une immense usine de traitement du nickel et du cobalt alimentée par un tapis roulant géant  acheminant le minerai depuis le haut de la montagne. Nous découvrirons plus tard l’enjeu majeur de la mise en service de cette usine en 2014 dans le Nord, à large dominante Kanak : en 1996,  le FLNKS (Parti indépendantiste Kanak) l’a érigé en préalable aux discussions sur l’avenir du territoire . Car auparavant, la seule usine de traitement  (le traitement rapporte beaucoup plus que le minerai) était à Nouméa dans le Sud, à large dominante Caldoche. Le FLNKS reprochait ainsi fort justement aux Caldoches d’extraire toute la richesse de l’île vers le Sud. Avec cette usine de plus de 1300 salariés (sans compter les sous-traitants) dans laquelle la Province Nord est majoritaire, les Kanaks  bénéficient aussi des retombées économiques du nickel. Ce rééquilibrage essentiel, a eu manifestement un impact apaisant sur le climat social (même si la non rentabilité de l’usine pose problème). Le sel de l’histoire est qu’il n’a pu avoir lieu que grâce à la vente des gisements possédés par Jacques Lafleur  (leader du parti loyaliste opposé au FLNKS) à la société gérée par la Province Nord,

Et symbole fort, ce site se situe à quelques encablures du Cœur de Voh. Petit problème : pour bien le voir, il faut le survoler en avion. Or nos voyages engrangent pas mal de CO2. Nous avons donc toujours évité de faire décoller  un avion pour nous (pas de survols des cirques de la Réunion, du delta de l’Okawango, des géoglyphes de Nazca au Pérou…). Nous n’allions pas craquer aujourd’hui. Le temps très couvert nous évite toute ombre d’une hésitation. Plusieurs sources nous ayant indiqué un plan B, nous y sautons à pieds joints : il existe un chemin montant au sommet d’une montagne surplombant le cœur de Voh, accessible en moins dune heure.  Nous trouvons sans difficulté le départ. Heureuse surprise, nous apercevons même un abri sur un sommet. Nous sommes en forme et pensons même l’atteindre en 30 minutes… sauf que de là, on ne voit pas le cœur . C’est bien trop bas. Nous poursuivons donc encore 1/2h. Et là nous commençons à apercevoir un début de quelque chose. Nous croisons un joggeuse qui nous indique que pour commencer bien l’apercevoir, il faut monter encore pendant une bonne heure de plus ! Nous ne pouvons continuer, nos amis Fanfan & Hervé nous attendent en bas et la route est longue pour arriver à Poum avant la nuit. Après la photo ci-dessous, nous redescendons donc… le cœur serré.

En montant une bonne heure de plus, nous aurions pu voir, s’il avait fait beau, cela :

Nous avons entouré le cœur d’un trait noir pour mieux le voir. Comme vous le constatez, il n’y a pas de quoi écrire à ses parents, même si le panorama de la plaine jusqu’à la mer et même l’usine est grandiose (par beau  temps). Le cœur n’est plus ce qu’il était en 1990 :  l’intérieur du cœur est recouvert de petits palétuviers, tandis que l’extérieur est composé de grands palétuviers. A l’époque, le centre du cœur était jaune car sans mangrove.

 

Nous poursuivons jusqu’à Koumac. Avec un tel nom, en Province Nord, nous nous attendions à un village de huttes kanaks. Et nous découvrons un quartier à l’américaine avec villas sur grandes parcelles découpées par un maillage de rues à angles droits et des équipements publics tout neufs.  Grâce à la sympathique Odile du point info de Koné, nous bifurquons jusqu’aux grottes situées à quelques kilomètres.

La 1ère grotte est petite, accessible à tous sauf aux handicapés, mais peu intéressante (entrée 1ère photo ci-dessous). La seconde est longue de 380 m, un petit peu moins accessible, mais elle vaut vraiment le détour (entrée seconde photo ci-dessous). . Nous ne connaissons pas d’autre grotte totalement libre d’accès aussi grande et avec autant de belles concrétions intactes.

 

 

 

Infos pratiques : La piste pour voir (un peu et de loin) le cœur de Voh part sur la droite après le village en venant de Koné. Une partie peut-être faite en 4×4 jusqu’à une barrière. Il est bien repéré sur Organic Maps. Montée constante, sans ombre, et sans intérêt à part la vue. Compter au minimum 2h à l’aller pour l’apercevoir correctement.

Les grottes de Koumac sont parfaitement repérées sur  Organic Maps. Quelques panneaux indicateurs également. L’entrée sur le site est libre. Il suffit de laisser ses coordonnées sur un carnet à l’entrée. Le court chemin vers les grottes est bien balisé. Aller jusqu’à la seconde, bien plus grande et belle. Grotte horizontale facile car ancien lit d’une rivière souterraine. Quelques passages étroits, mais avec des baskets pour quelqu’un d’un tout petit peu sportif, il n’y a aucune difficulté. Par manque de temps, nous n’avons pas atteint les 380 m. Attention, au-delà, une rivière souterraine rend dangereuse la poursuite.

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