12 Septembre : Aujourd’hui, second épisode de l’intermède volcanique javanais avec l’ascension de l’Ijen, triplement célèbre :
– Pour son lac turquoise le plus acide du monde. Le PH est de 0,15 ! On ne savait pas que c’était possible pour un lac. Un doigt trempé là-dedans doit être dissous en quelques secondes. Outre l’acide chlorhydrique et sulfurique, le lac contient 200 000 T d’aluminium et d’autres minéraux heureusement inexploitables.
– Pour ses porteurs de souffre qui le remontent dans des paniers pesant jusqu’à 80kg dans des conditions très difficiles dues notamment aux importants nuages de gaz toxiques. Il sont entre 60 et 80 à remonter 6 T de souffre par jour. Ce souffre sera ensuite utilisé dans les cosmétiques, les engrais et les allumettes et pour blanchir le sucre.
– Pour ses flammes bleues uniques au monde et visibles la nuit à la sortie des fumées de souffre. Le souffre qui sort à plusieurs centaines de degré enflamme spontanément le gaz.
Au Kawah Ijen, le rituel du Dieu Tourismdemas se déroule ainsi : » Tu te réveilleras à minuit pour t’entasser dans un mini-van qui te montera au départ du sentier. Tu descendras dans le cratère voir les flammes bleues puis tu te dépêcheras de remonter pour le lever du soleil à 5h au sommet. » . Nous serons des hérétiques insoumis et partirons à 6h. Nous acquittons avec plaisir le droit d’entrée au parc car ici, contrairement au Bromo, la route d’accès est en bon état et en train d’être élargie et le chemin de randonnée a été très bien aménagé. Ce qui permet désormais aux porteurs de soufre de descendre avec une carriole. Vers 7h15, nous attaquons la montée, cool au départ puis bien raide, avant de se calmer sur la fin. Nous montons les 450 m de dénivelé en moins d’une heure. Des porteurs de souffre reconvertis proposent de faire le taxi avec leur carriole. Plus nous montons, plus le sommet nous parait haut. En fait, heureusement, nous n’allons pas sur le plus haut sommet : le Kawah (qui signifie cratère) Ijen s’appuie contre le Semeru qui lui frise les 2 800 m. Ils sont en bordure d’une caldeira d’un immense ancien volcan qui s’est effondré. Elle est encore plus grande que celle du Bromo mais beaucoup moins visible car beaucoup de nouveaux volcans dont l’Ijen ont ‘repoussé’ dessus.
L’arrivée sur le cratère est grandiose avec son grand lac bleu turquoise au fond. Des jets puissants de fumées sortent sur un flanc et selon les sens des rafales de vent, elles peuvent envahir tout le cratère. Les dizaines de groupes de touristes sont redescendus dormir à leurs hôtels. Nous sommes les seuls. Les porteurs descendent récupérer le soufre qu’ils cassent en gros blocs. Certains sont magnifiques avec des cristaux orangés. Vous pouvez leur en acheter quelques morceaux cela améliorera leur ordinaire. Sachez que la superbe couleur vive orangée de certains cristaux virera au jaune en refroidissant. Des canalisations ont été installées à la sortie des gaz pour condenser le soufre (photo ci-dessous).
Les porteurs gagnent mieux que certains paysans, mais ce n’est pas grand chose. Ils ont faim, ils nous demandent des biscuits et de l’eau lorsque épuisés, ils font une pause. Ils gardent pourtant le sourire. Nous n’osons pas imaginer la scène qui doit être surréaliste lorsqu’ils croisent la foule dans la montée au petit matin.
Après avoir savouré presque pendant 2h30 ce cratère tombé de la lune, nous redescendons en moins de 45 minutes pour retrouver notre chauffeur qui sirote son café tranquilou et n’est pas vraiment pressé de redescendre : dire que nous ne sommes pas restés plus longtemps car nous avions des scrupules de trop le faire attendre !
Nous avons plus qu’adoré notre expérience de voyageurs insoumis au Dieu Tourismdemas car nous étions seuls tout le long et notamment dans le cratère avec les porteurs de soufre. Nous vous conseillons cette formule si vous ne tenez pas spécialement à vous lever à minuit pour vous retrouver à bouchonner dans la descente à l’intérieur du cratère pour voir éventuellement quelques lueurs bleutées, si vous ne tenez pas spécialement à gêner les porteurs de souffre, si vous ne tenez pas spécialement à speeder pour remonter à temps pour le lever du soleil. Et pas mal de personnes semblent de surcroit déçues par ces flammes bleues. Indice significatif : nous n’avons trouvé aucune photo sur le web à part celle du photographe professionnel qui a lancé il y a quelques années toute cette flambée autour de ces flammes. Les siennes sont belles mais il y a passé un mois
pour avoir les bonnes conditions et c’est un pro.
Infos pratiques sur l’IJEN :
Les fumées toxiques ayant envoyé plusieurs dizaines de personnes à l’hôpital en Mars 2018, l’accès au volcan a été fermé. L’accès au départ de sentier est de nouveau autorisé mais ferme désormais à midi. Il est officiellement interdit de descendre dans le cratère mais tout le monde y va. Cependant louez un bon masque à gaz avec cartouches. Droit d’entrée pas excessif (100 000 Rp/p) et route et sentier OK, l’opposé du Bromo. Banyuwagui → accès à presque 2000 m d’altitude : une bonne heure en voiture, probablement plus en scooter car la route grimpe bien à la fin même si en bon état (neuve mais pas jusqu’en haut). Cela reste faisable en scooter pas trop poussif (mais faudra pousser parfois) bien qu’assez long. Nous avons dû prendre une voiture car nous sommes arrivés la veille par le seul train partant après midi de Probolinggo qui arrivait à Banyuwangui à 20h50, trop tard pour trouver un scooter. Et le lendemain matin, nous partions trop tôt pour en trouver un. Voiture 550 000 Rp A/R via la guesthouse, tellement sympa que nous n’avons même pas cherché à négocier.
Large sentier faisable en basket jusqu’au cratère. Dans le cratère, sentier plus raide et étroit, mais les baskets suffisent toujours. Bien se couvrir la nuit.
– Hébergement : Guesthouse Puri Amalia à 200 000 Rp la double propre y/c petit déjeuner à emporter ET au retour du volcan à midi, transferts gares train et ferry, bouteilles d’eau le soir et pour la rando… Pour ce niveau de prix, une adresse certes plutôt basique mais propre, fonctionnelle avec un accueil en or. Nous recommandons.
Si vous avez acheté un bloc de soufre c’est bien pour aider les porteurs, mais il ne pourra pas prendre l’avion !
Merci pour Réallon ; nous y sommes arrivés lundi soir et nous en sommes repartis vendredi (nous étions embauchés le samedi pour des vendanges).
Temps au beau fixe ; nous nous sommes régalés avec les cousins : montée au belvédère des aiguilles de chabrières, tour du lac, visite de Réallon village et des Gourniers.
Pas de problème dans le chalet.
Au retour, j’ais testé le simulateur de chute libre à Tallard, moins impressionnant qu’un saut en parachute mais ça fait beaucoup moins peur, j’ai bien aimé !
Kisskisss, à bientôt pour suivre vos nouvelles aventures.
Même en soute où ça ne peut pas s’enflammer comme ça le soufre ?