TREK GOKYO – Jour 4 – 7 Octobre – Gokyo – 4800 m → vers camp de base du Cho-Oyu jusqu’à 5100 m – 4 h A/R : On descend prendre le petit déjeuner dans la salle commune qui n’est pas chauffée (le tuyau du poêle est encore à Lukla). Pour le moment le temps est décourageant : les 3 cm de neige tombés hier recouvrent tout et le brouillard est total. On retourne un peu dormir et à 8h, comme on l’espérait secrètement, presque tout s’est dégagé. Le Gokyo Ri étant encore dans la neige et le brouillard juste au-dessus de nous, nous en tenterons l’ascension plus tard et partons vers le fond de la vallée de Gokyo avec possibilité de voir encore 2 lacs et l’Everest si nous parvenons jusqu‘à 5 200 m d’altitude. Nous allons avoir droit à notre première matinée quasiment sans nuages et nous allons en prendre plein les yeux. D’abord le Cholo , puis le quatrième lac du Gokyo, entouré lui aussi de montagnes vertigineuses. Nous dépassons ensuite les 5 000 m au-dessus du niveau de la mer en montant sur la moraine de glacier du Cho-Oyu. Il est spectaculaire au départ avec ses immenses séracs, puis il se recouvre de cailloux et ressemble plus à une immense rivière qui s’écoule, tranquille, à la vitesse de quelques dizaines de mètres par an.
Le glacier coulisse entre deux moraines latérales immenses dont celle qui plaque le village de Gokyo contre son lac. Il est constellé de lacs dont la couleur varie du vert caca d’oie … au bleu saphir. Nous montons encore un peu et nous sommes doublement au pied du mur : d’abord au pied du mur de glace et de neige du Cho-Oyu. Juste derrière, c’est le Tibet. Nous n’avons croisé personne sur le chemin depuis 2h. La majesté silencieuse des lieux n’est troublée que par 2 Allemandes qui nous rattrapent en tchatchant très fort ce qui est aussi crispant du point de vue sonore que crispant du point de vue du moral car elles ont l’air toutes fraîches. En effet, nous sommes une seconde fois au pied du mur car nous n’en pouvons plus. Il faut maintenant prendre une décision : poursuivre jusqu’au bout à 5200 m au camp de base du Cho-Oyu (en passant par le 5ème lac qui n’est plus bien loin), pour une vue encore plus bluffante notamment sur l’Everest, ou bien faire demi-tour pour préserver ce qui nous reste de forces. Nous sommes semble-t-il encore assez lucides pour choisir la seconde voie. Que le retour sera difficile, dans un vent glacial ! Pourtant un sentier si easy en descente ! Manifestement, notre limite à tous les deux aujourd’hui a été fixée par le chef des Yétis à 5 100 m et ça ne se négocie pas. Même pas avec du paracétamol ou des litres de thé gingembre – citron – miel. De retour à Gokyo, Joëlle va s’écrouler plusieurs dizaines d’heures d’affilée, elle qui n’arrive jamais à dormir la journée d’habitude ! En fait, elle va rentrer en … hibernation.
TREK GOKYO – Jour 5 – 8 Octobre – Gokyo – 4 800 m → Sommet du Gokyo Ri – 5 360 m – 3h15 A/R dont 45 minutes de béatitude au sommet : temps plutôt dégagé ce matin mais Joëlle n’a plus du tout de batteries. Elle dort non-stop depuis 18 h d’affilée maintenant. Elle n’a aucun symptôme du mal des montagnes et nous avons testé son taux d’oxygène dans le sang : 75%. Ce qui est tout à fait correct. Il faut s’inquiéter en-dessous de 60%. Il fait tout simplement trop froid pour elle, et elle poursuit tranquillement son hibernation. Phi lui a repris des forces pendant la nuit, et va tenter l’ascension du Gokyo-Ri car il se dégage vers 10h. Shikhar Raï notre porteur que nous avons promu guide la veille, se fait une joie de l’accompagner.
Cette montagne, le Gokyo Ri, est une énorme anomalie : elle a une forme arrondie, alors que tout ici n’est que verticalité et pics acérés. La plaque Indienne qui pousse contre celle du continent Asiatique a dû se dire : ‘‘Bon maintenant que j’ai créé le ‘must’ pour alpinistes, faut penser aux trekkeurs, on va arrondir les angles’’. Et elle a bien fait les choses car depuis cette montagne ronde solitaire, on peut voir, quand tout est super dégagé, cinq ‘’8 000’’ (Everest, Lhotse, Cho-Oyu, Makalu, voire le Kamtchendjunga perdu tout à l’Est) et de nombreux 7 000 à 360°. Ceci dit tout est relatif, car ça monte quand même raide avec 560 m de dénivelé en seulement 1,9 km. Donc Phi prend le rythme le plus lent de sa vie avec des pas de 10 cm de hauteur maxi. Tout se passe bien jusqu’aux 2/3, mais le manque d’oxygène oblige ensuite Phi à faire des pas de 5 cm de haut maxi. Ce qui fait bondir alors d’un coup de 2 000 à 4 000 le nombre de pas restant à accomplir. Dur dur, mais le spectacle est déjà tellement grandiose. Les derniers mètres sont difficiles mais nous arrivons seuls au sommet totalement désert. Moments suspendus de béatitude avancée. Monsieur Everest fait sa star et ne veut pas se dégager, qu’importe ! On se contente très bien des lacs d’une couleur incroyable, des sommets tous plus impressionnants les uns que les autres, de l’immense glacier Ngozumba dont on voit bien comment la moraine latérale plaque Gokyo contre son lac… On vous laisse avec les images :
La descente s’effectuera à donf en ½ h (soit 4 fois moins de temps que la montée, du jamais vu), dopée par le bonheur d’avoir tenu jusque là-haut et par les images emmagasinées pour la vie. Et au retour, Joëlle … dort toujours. En tout, elle va dormir 35h d’affilée ! Car le soir, son corps décide que le printemps est revenu et elle émerge. Nous échangeons alors longuement avec un groupe de 3 Français (un vivant en Australie + un couple de Chazelles, le village de naissance de Joëlle). Ils font les 3 cols et leurs organismes souffrent aussi.
Bravo les amis. Les photos sont magnifiques. Et vous des fortiches. Pouvez vous mettre une carte et nous pointer votre trek. Merci. Véro. Bises.
Merci de cette fidélité sans faille Vero. C’est vrai qu’il faudrait des cartes en même temps, mais on en manque justement du temps pour trier les photos et publier pas trop en retard par rapport au direct live. Car les aléas techniques viennent régulièrement compliquer les choses : pas de courant, pas de réseau, pas de débit suffisant pour passer les photos, les bugs qui se multiplient à cause des mauvaises liaisons…
Mais promis, on fait la carte du trek dès que possible 😊 Ca allait la carte de Bali ?
On t’embrasse !
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Bravissimo…!!!
Merci de tes encouragements ! 😊
Tu as toujours su faire la différence entre hauteur de vue et altitude 😊
OUAH-OU, JE SUIS JALOUSE DE NE PAS ÊTRE AVEC VOUS.
KISSKISSS
No Soucy Capitaine, on va te faire vivre cà à notre retour comme si tu y étais, et en plus, sans le froid, ni la toux du Khumbu !