10 et 11 Septembre : Après une nuit interrompue à 3h du matin car tous les tours opérators Java font s’agglutiner les groupes pour le lever du soleil, nous allons tranquillement profiter de la vue magique du début de matinée sur le bord de la caldeira. Nous y descendons et en 40 minutes de marche aussi lunaire qu’agréable, nous sommes au pied du Bromo. Nous sommes les seuls à cette heure-ci à faire cette traversée du désert. Pourtant des centaines de Jeeps transportent au pied du volcan les touristes après le lever du soleil protocolaire. Après avoir été seuls au milieu du désert nous voici au milieu d’une foule autant étrangère qu’Indonésienne pour monter les fameuses marches menant au cratère.
Tout le monde restant à l’arrivée de l’escalier (vertige ou flemme ?), nous pouvons profiter tranquillement du volcan plus loin sur la crête. Mais attention, faire le tour complet est suicidaire. La pente des deux côtés est vertigineuse et Phi a du mal à croire qu’il y a vu, il y a une quinzaine d’année, des musulmans accrochés tenter au péril de leur vie de rattraper au vol des poulets et autres offrandes que lançaient les hindous dans le trou béant à l’occasion d’une fête religieuse, la Kesada. Les photos étant restées en France, voici quelques images collectées sur Internet pour comprendre le délire de la situation : Les hindous de la région du Bromo ont résisté à la vague musulmane et pour eux le Bromo est sacré. La fête est l’occasion de déverser des offrandes aux Dieux dans le cratère. Pour un hindou, une fois que l’offrande est lancée vers le gouffre volcanique, les Dieux font leur affaire de la récupérer. Donc peu importe si des musulmans tentent de rattraper la nourriture avant qu’elle n’aille se crasher avant cuisson dans le fond du cratère. Les offrandes sont constituées de fruits, poulets et chèvres… vivants bien entendus. C’est donc le premier aspect stupéfiant : les offrandes hindoues sont interceptées avant d’atteindre leur objectif par les musulmans et tout se passe en toute zénitude. Imaginez juste deux secondes des musulmans qui viennent récupérer les cierges dans les églises une fois allumés…
Le second fait hallucinant est que les musulmans sont à flanc de falaise, coté intérieur quasi vertical du volcan qui s’éboule régulièrement (la photo du cratère et celle des musulmans avec les ‘filets à papillons’ sont prises du même endroit). Ils ne sont évidement attachés nulle part, et les lois de la gravité imposent nécessairement une ou deux chutes dans le gouffre… pour quelques poulets… C’est dire leur degré de pauvreté.
Mais le spectacle de la bouche vertigineuse et sans fond du volcan grondant et fumant reste impressionnant à lui seul. Nous avons l’impression de communiquer avec les entrailles de la terre. Et comme un vent fort se lève, l’ambiance devient encore plus ‘Fin du monde’. Le Bromo s’étant excité il y a peu, les cendres se sont mêlées au sable et nous nous retrouvons dans des mini-tornades de cendres qui se mélangent à celles soufrées crachées par le volcan. On sort en conséquence les tenues de combat. Le look ne va probablement pas vous plaire, mais mettre le bandana par dessus les lunettes et le masque de scooter a été super efficace contre les fines cendres qui passent partout. Comme on voit à peu près à travers le tissu, cela nous a même permis de braver le vent de sable et de cendres lors de la marche retour résistant ainsi héroïquement à l’appel polluant et carboné des Jeeps. Bien entendu, nous étions aussi seuls qu’à l’aller. Inutile de vous dire mais on vous le dit quand même, qu’en arrivant à l’hôtel, nos vêtements étaient blancs (de cendres) et nos visages noirs (de sable) genre charbonnier.
Avant la tempête Au retour, pendant la tempête de sable et de cendres
Le volcan Semeru, point culminant de l’île de Java avec 3 676 mètres d’altitude, que l’on voit en arrière-plan sur les photos du Bromo, est entré en éruption en décembre 2021, 3 ans après notre venue. Plusieurs dizaines de personnes ont péri sous l’immense nuage de cendres surchaufées qui a envahi l’atmosphère.
Infos pratiques sur le Bromo et Cemoro Lawang : – Hébergement : la demande étant forte pour une offre limitée, les logements à Cemoro Lawang sont chers pour une qualité médiocre. Les très chers sont à peine mieux que les bons marchés. Etant donné que, même si vous ne montez pas voir le lever de soleil, l’effervescence à 3h du matin étant généralisée, votre nuit sera courte. Donc inutile d’investir votre fortune pour une nuit qui ne sera pas terrible de toutes manière. Très très peu d’hôtels peuvent se réserver par internet, et quand vous parvenez à le faire, cela a des chances d’être foireux, nous l’avons testé. Si vous n’avez rien réservé, vous pouvez monter : même en été, vous trouverez sans trop de mal entre 100 000 Rp et 200 000 Rp, si vous n’êtes pas trop regardants. Le Bromo Pentai, un haut de gamme relatif ici est à 550 000 Rp la double. Le village avant d’arriver à Cemoro comporte pas mal d’hébergements mais il est à plusieurs km et la pente est raide. Si vous faites le tour en Jeep, no problemo. Mais si vous êtes à pieds et que vous voulez randonner, il vous faudra d’abord rejoindre Cemoro.
– Le site en toute sérénité et sans vous ruiner : Le rituel du Dieu du tourisme de masse indique que tout le monde ici doit se réveiller tous les jours à 2h30 – 3h pour assister via les 4×4 et jeeps au lever du soleil aux temples dédiés à la photographie et au selfies situés sur le Pananjakan, un sommet sur le bord de la caldeira. Toute cette foule de fidèles se translate ensuite pare-choc contre pare-choc au pied du Bromo. Donc si vous ne voulez pas faire la queue pour monter l’escalier du Bromo, éviter le créneau 7h – 10h.
Pour être tranquilles, il suffit donc de vous organiser en décalé : Cemoro est à vous au lever du soleil avec de très belle vue tout de même, ou pour une encore plus belle vue, monter à pied en une heure aux points de vues situés en hauteur tout au bout de la route de droite à la fourche. Et vous pouvez ensuite descendre randonner par les sentiers non payants (solution 1A ou 1B ci-dessous) pour être au pied du Bromo après 10h. Nous n’avons pas croisé grand monde à pied, à part quelques Français (les plus randonneurs au monde selon nous) montés aux points de vue. Ce qui est très étonnant car le site est extraordinaire, dès que vous vous éloignez de l’unique piste 4×4 qui traverse la caldeira.
L’entrée au site est anormalement chère (plus de 220 000 Rp/p et çà augmente tout le temps), surtout que, à part le panneau du ci-dessus, rien n’a été fait depuis 20 ans, ni pour les infrastructures, ni pour la protection du site qui se dégrade à volo. Ce n’est pas du tout notre philosophie de donner des tuyaux pour rentrer gratuitement dans un Parc National. Mais ici, contrairement au Kelimutu sur Florès par exemple, c’est clair que votre argent servira à engraisser des fonctionnaires corrompus. Comme il vaut mieux le dépenser pour faire marcher l’économie locale, voici comment faire: l’unique route montant à Cemoro fait une fourche en arrivant au bord de la caldeira. La barrière de péage se trouve entre le Cafe Lava et le Bromo Permai sur la route de gauche qui descend ensuite très raide dans la caldeira. Solution 1 indiquée sur le net : prendre la route de droite, sans péage, qui permet d’atteindre les points de vue pour le lever du soleil sur le Pananjakan. Depuis cette route au moins 2 sentiers descendent directement dans la caldeira. Le premier (1A sur le plan) se situe 100m après la fourche : lorsque la route tourne à 90° à droite, aller tout droit entre 2 hôtels. Au fond de l‘impasse, à droite de la cabine du gardien de l’hôtel descend le sentier. L’accès a semble-t-il été barré mais il était ouvert lors de notre passage. Le second part 700 m plus loin sur la route, sur la gauche (1B sur le plan) Solution 2 en violet sur le plan : nous n’avons trouvé nulle part l’info sur le web, aussi n’hésitez pas à diffuser. Elle consiste à prendre la route sur la gauche juste avant la fourche puis la première à droite puis la première à gauche qui rejoint la route descendant dans la caldeira bien après le péage.
Attention aux arnaques : plusieurs français se sont vu réclamer de l’argent en traversant le dernier village avant Cemoro soi-disant pour la taxe de séjour. C’est totalement bidon. D’autres passant par agence se sont vus demandés des droits d’entrée au parc alors qu’ils ne sont allés qu’au point de vue par la route de droite non payante.
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