23 Juin : Partons à l’Ouest d’Eden cette fois, pour passer un col avec de la neige ! … et nous restons en altitude. Voilà pourquoi la capitale de l’Australie affiche toujours 4 à 5 °C de moins que Sydney. Cinquante kilomètres avant Canberra, commence une hécatombe de wombats et de kangourous tués sur le bord de la route, la pire que nous ayons vue pendant nos 6 000 km sur le continent.
Canberra, capitale toute récente comme Brasilia dont le développement ex nihilo correspond également aux années 60. Mais peu de points communs avec la capitale brésilienne à part leur agréable grand lac artificiel : nous avons été très déçus par la qualité architecturale des bâtiments publics, bien loin de celle des chefs d’œuvre de Niemeyer à Brasilia.
Le site de Canberra a été choisi comme compromis entre les deux villes rivales de Sydney et Melbourne, les deux plus grandes villes d’Australie. D’où le nom de Canberra qui désigne un lieu de rassemblement en langue aborigène locale, et d’où le ‘n’ devant le ‘b’ (on s’en est aperçus en cherchant un hôtel, car en écrivant ‘Camberra’, on ne trouve pas grand-chose sur Booking…). Ville stupéfiante pour nous Européens : elle a l’air vide !
Il y a tellement d’espaces verts (naturels ou artificiels) entre les zones construites que la ville est plus peuplée de kangourous que d’humains. Ces zones sont reliées par des autoroutes et des avenues à 6 voies. Moralité, sans voiture, impossible de s’en sortir et nous sommes à l’opposé de la politique de densification française. Nous avons interdit le développement de constructions individuelles isolées dans la nature, ils développent en masse des lotissements isolés en pleine nature à des kilomètres du centre ville. Nous n’avons manifestement pas la même notion des économies d’énergie…
A l’arrivée chez Cindy via Airbnb, accueil par une Chinoise qui ne parle pas un mot d’Anglais. Nous avons vraiment du mal à nous comprendre. Or la maison, très chouette, mais glaciale : moins de 10°C. L’appareil à gaz dans la pièce principale est en panne, il n’y a aucun chauffage dans la chambre et la météo a prévu – 4°C pour la nuit. Comme la chinoise en doudoune ne nous comprend toujours pas, qu’à cela ne tienne, nous décidons d’appeler la propriétaire, Cindy, dont le n° nous a été transmis par mail via Airbnb … et c’est le téléphone de la Chinoise qui sonne ! Cindy, c’est donc elle !… On est mal. Mais heureusement elle finit par nous faire comprendre, en faisant traduire ce qu’elle écrit en Chinois par son téléphone puis en nous le faisant lire, qu’elle va faire aller faire acheter un chauffage d’appoint par son fils. Nous partons donc visiter le centre de Canberra réchauffés par une petite lueur d’espoir. On commence par la bibliothèque nationale avec ses piliers en marbre blancs dont les Australiens semblent très fiers mais qui, franchement necasse pas 3 pattes à un ornithorynque.
Nous tentons ensuite d’aller voir le parlement, fierté nationale qui trône au sommet d’une colline, visible de partout et point de convergence des grandes avenues. Il est surplombé par un immense drapeau Australien soutenu par un quadripode chromé. L’accès sera difficile car le bâtimentest entièrement ceinturé par une avenue 2×3 voies et une autoroute.
Si vous ne trouvez pas la seule rampe d’accès véhicule, bonne chance. Là encore le bâtiment ne casse pas 3 pattes à un platypus. Ah oui c’est le nom donné par les Australiens à ce mammifère à bec de canard qu’est l’ornithorynque. Mais il est émouvant de pénétrer dans leur Saint des Saints, l’Assemblée Nationale et le Sénat, symétriques de part et d’autre de l’axe central. Seule la couleur change : rouge pour le Sénat, bleu-vert pour l’Assemblée Nationale. On dirait en fait un petit centre de congrès moderne. On comprend que chez nous, ils soient stupéfaits par nos bâtiments historiques, sous les lustres et les dorures : ici aucun luxe, aucune fioriture.
Nous enchainons par le War mémorial. Autre grande surprise. La commémoration des morts au combat est pour les Australiens très importante et très suivie. Le mémorial est à la fois un musée de la guerre et un monument aux morts. Le premier est impressionnant avec de nombreux avions dont même un véritable bombardier mis en scène, et le second constitue le plus réussi des édifices de la capitale. Très émouvant aussi avec le nom de tous les morts des deux guerres mondiales à la fois gravé sur les murs longeant le bassin de la flamme du soldat inconnu et énumérés un a un par des voix d’enfants le long de ce mur (photo ci-dessous avec les fleurs rouges). De nombreux messages gravitent autour du mémorial du genre : ‘‘Nous sommes libres grâce à eux’’. Nous arrivons pendant la commémoration du centenaire de la mort
d’un combattant de la 1ère guerre mondiale. Il y a là bien plus d’Australiens que tout ce que nous en avons croisé en 2 jours dans tout Canberra ! Depuis 2014, avec les 60 000 morts Australiens (plus que les USA, 40 000), il y a dû avoir plusieurs commémorations par jour. La plus grande avenue de Canberra mène du Parlement à ce mémorial. Elle est bordée d’une quinzaine de monuments relatifs à chacune des guerres. Chez nous, quelques cérémonies usées suivies seulement par quelques anciens, ici un recueillement et une célébration spectaculaires mobilisant toutes les classes d’âge jusqu’aux enfants. Ce qui nous semble à méditer, car ceux qui sont célébrés ici et ont donné leur vie volontairement (pas de circonscription en Australie jusqu’en 1942). Et tout un peuple leur rend un hommage que nous, nous réservons plutôt aux footballeurs et aux marionettes de la téléréalité.