COZUMEL : PLONGEE dans 2 MONDES PARALLELES, celui du SILENCE et celui du TOURISME de MASSE

17 et 18 Novembre 2025 : Après Tulum nous pensions poursuivre doucement notre progression dans le tourisme de masse jusqu’au best of, Cancun. En réalité, nous avons dû l’affronter plus tôt que prévu en débarquant sur l’île de Cozumel, cette île juste en face de Playa del Carmen sur la côte Ouest du Yucatan. Attirés par son immense réputation pour la plongée et le snorkeling, nous n’imaginions pas à quel point celle-ci est aux bateaux de croisières ce que Cancun est aux complexes hôteliers : nous avons compté le même jour à quai, huit de ces monstres capables d’embarquer plus de 4000 personnes ! Et rebelotte le lendemain avec 8 nouveaux. Nous avions vécu à Ajaccio la pagaille le jour où un seul de ces bateaux débarquait, alors huit ! Même si ici la farandole des taxis et des tours opérateurs s’avère parfaitement huilée, vous vous retrouvez, de 10h à 17h le temps qu’ils rembarquent, envahis de gringos en surpoids, où que vous alliez.

Les prix dans les magasins de la ville sont affichés en dollars et non en Pesos Mexicains. Vous imaginez sur la Riviera Française, à Cannes par exemple, les prix affichés uniquement en $ ? Tout est organisé pour occuper ces milliers de personnes qui débarquent en milieu de matinée jusqu’à 16h, heure habituelle du départ.

Quand nous avons vu des dizaines et des dizaines de bateaux surchargés (ci-dessous) longer à fond la côte sous nos yeux pour déposer en snorkeling des milliers de personnes par jour au même endroit, nous nous sommes dit que nous ne pouvions participer à ce désastre écologique. Car en plus, pour que les quelques poissons et raies présents ne fuient pas devant l’invasion, ils sont nourris !

 

Nous allons donc faire du snorkeling depuis la côte. Mais c’est oublier que la loi du profit s’applique ici sans aucune limite : la côte abritant les plages est TOTALEMENT privatisée. Les hôtels de luxe s’y succèdent et c’est pire qu’à Tulum pour parvenir à atteindre la mer. Quelques rares bars / beach clubs veulent bien vous laisser accéder à  »leur » plage moyennant 20 €.  Mais ils n’ouvrent qu’entre 10 et 17 h pour les croisiéristes et vous vous retrouvez au milieu d’une nuée d’Américains qui pataugent émerveillés en nourrissant quelques poissons d’apparat. Nous n’avons trouvé qu’avec un peu de chance une porte dérobée qui permet de se baigner en toute sérénité et sans sz faire détrousser. La voici, à droite des poubelles… Elle ne perdurera pas des années car elle longe un hôtel désaffecté qui retrouvera un jour un investisseur :

Nous y découvrons au bout du chemin, une superbe plage de carte postale, uniquement connue de quelques habitants de l’île.  L’eau est d’une couleur et d’une clarté rares, et en plus elle est chaude.

Nous nous précipitons sous l’eau, mais là, hélas, vraiment pas grand chose. Il n’existe pas à Cozumel de barrière de corail ou de reef comme généralement aux Antilles. Donc peu de poissons colorés de coraux, donc peu de prédateurs, etc. Bref, cela ne déborde pas de vie ici.

Pour distraire les touristes, des pyramides de béton ont été coulées il y a longtemps par l’hôtel désaffecté. Elles servent depuis de refuge aux rares poissons présents. Ce qui nous permet d’assister à une scène rare : un gros poisson gris expulse 3 poissons lions du temple au sommet de la pyramide (ci-dessous à gauche) pour y faire sa sieste. Et eux attendent sans broncher devant la grotte qu’il ait terminé ! (à droite)

 

Nous verrons un peu plus loin quelques belles gorgones, mais vraiment pas de quoi écrire à ses parents :

 

 

Nous apercevrons une raie pastenague chassant sur le bord dans 15 cm d’eau, comme nous l’avions vu à Moorea depuis le bord :

Nous verrons deux belles étoiles de mer que nous laisserons naturellement tranquilles, ce qui est loin d’être le cas à El Cielo où beaucoup les manipulent pour faire de belles photos (ci-contre). S’il-vous-plait, si vous y allez,  ne les manipulez pas,  vous les tueraient en agissant ainsi :

 

 

 

Sur la gorgone de gauche, un coquillage caractéristique des Antilles appelé Monnaie Caraïbe. Il y a vraiment servi de monnaie, et ce pourrait être le début de notre fortune. Mais trop tard, la monnaie Caraïbe prit fin au XIXème S.

On trouve quasiment toujours le coquillage sur les gorgones dont il consomme les tissus externes.  A ne pas confondre avec la Monnaie de Vénus, autre coquillage du même genre qui a également servi de monnaie notamment dans certains pays d’Afrique jusqu’à la colonisation Française.

Pour échapper aux envahisseurs qui ne démontrent pas forcément qu’America is great again,  nous fuyons vers la côte Ouest, à l’opposé opposé des débarcadères de croisière.

Après une ligne droite de 18km,

… nous débarquons dans un monde 100% nature

Conclusion : A moins que vous ne teniez à un selfie instagrammable devant une étoile de mer ou une raie nourrie par les humains, ne venez pas sur Cozumel. Vous vous perdrez au milieu des gringos déversés par armadas de HLM de croisière, et dont le pouvoir d’achat surexcite les débordements du libéralisme débridé. Ne croyez pas ceux qui vous racontent que Cozumel constitue le top de la plongée ou du snorkeling. Soit ils n’ont jamais mis la tête sous l’eau en dehors d’une piscine, soit ils veulent vous vendre un tour. Allez plutôt à Puerto Morelos où existe une (petite) barrière de corail et où les poissons abondent sans être nourris. C’est d’ailleurs l’endroit où le reef s’approche le plus près de la côte. N’oubliez pas cependant qu’avec le réchauffement climatique, les sargasses envahissent désormais les côtes du Yucatan plus de la moitié de l’année (printemps, été automne).

Infos pratiques : Puisque nous vous conseillons de ne pas aller à Cozumel, nous préférons donc vous donner des infos sur d’autres sites pour snorkeler et plonger.

D’abord Puerto Morelos : n’hésitez pas à privilégier ce petit bourg tranquille situé à tout juste 25 km de l’aéroport de Cancun, la grande porte d’entrée du Yucatan. Epargné miraculeusement par les excès du tourisme de masse (peut-être pas encore très longtemps), la partie balnéaire offre une belle plage publique accessible sur tout son long, ce qui est exceptionnel dans cette région. Le reef y est proche même s’il ne peut être atteint à la nage à cause de la circulation dangereuse des bateaux… qui amènent les gens sur le reef justement.

Il reste également le village de Mahahual, beaucoup plus au Sud vers Bacalar. Epargné lui aussi pour l’instant, il possède un site remarquable parait-il, le Chinchero Reef, à quelques kms de la côte.

Nous n’avons pu plonger dans ni à Puerto Morelons, ni à Mahahual pour cause de sargasses… qui auraient pourtant dues être absentes en Novembre.

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