1er au 7 Novembre 2022 : Dès votre arrivée, impossible d’ignorer que l’empire Inca s’est construit à partir de Cusco. L’Inca trône au milieu des 2 places principales et presque toutes les rues du centre historique sont bordées de pierres taillées par les Incas. Les Espagnols se sont servis de tout ce qu’ils n’ont pas détruit comme soubassement apparent de leurs propres constructions.
Manco Capac, le premier chef Inca, sortit des eaux du lac Titicaca selon la légende. Il avait pour mission de son Dieu Viracocha de fonder une puissante civilisation à partir de la terre dans laquelle s’enfoncerait son sceptre d’or.
Le nom Cusco vient de ‘Qosqo’, qui signifie en Quechua : nombril du monde et la ville devint le centre de l’univers Inca qui connut une expansion galopante, un Big Bang qui les propulsa en un seul siècle en tant que maîtres de l’immense territoire allant du Nord Chili à la Colombie, en passant par la Bolivie, le Pérou et l’Equateur actuels. Cet empire impressionnant d’environ 10 millions d’âmes fut anéanti en quelques années par Pizarro et ses 180 soldats, aidés par la lutte de succession fratricide entre les 2 fils de l’Inca Huayna Capac, les armes à feu, et les maladies importées.
Les plus belles pierres et soubassements Incas du centre historique se situent dans l’étroite ruelle Hatun Rumiyoc, dans l’axe de la rue Triunfo à l’angle nord est de la Plaza de Armas. Le guide du routard lui préfère la rue Loreto, mais franchement, ne vous déplacez même pas, c’est bien sur Hatun Rumiyoc, la petite perpendiculaire et la parallèle en dessous que vous resterez groggys par ces merveilles de précision, assemblées
sans joint comme des pièce de puzzle. Et 600 ans de tremblements de terre fréquents au Pérou ne les ont pas fait broncher. La roche volcanique utilisée, l’andésite grise à noire (très répandue dans les Andes d’où son nom) n’est pas tendre comme le sillar blanc d’Arequipa. Il fallait donc réaliser un travail phénoménal pour tailler et transporter ces blocs énormes. Caressez-les. Les faces sont toutes douces à force de polissage, alors qu’elles paraissent rugueuses. Au milieu de Hatun Rumiyoc, la célèbre pierre aux 12 angles tient la vedette des poses photos Instagram – Facebook.
Mais celles qui nous ont peut-être le plus surpris se trouvent dans le soubassement du couvent Santo-Domingo ci-contre à gauche. Nous avons cru de loin qu’il s’agissait de carrelages ou de placages posés il y a quelques mois tellement elles sont parfaitement polies et taillées en rectangles parfaits. Il faut dire que ces blocs appartenaient au Saint des Saints, le Temple du Soleil ou Coricancha de la capitale Inca. Ce fameux temple, qui regorgeait d’or, a rendu fous les conquistadors espagnols qui avaient enfin découvert plus que l’Eldorado qu’ils imaginaient. Tout a été pillé, ou fondu en lingots envoyés en Espagne. Apparaît donc une loi fondamentale : plus le bâtiment est sacré ou noble, plus les pierres sont taillées avec précision et soin. Ainsi, sur la photo ci-dessus, le mur de gauche n’a pas été taillé par un stagiaire. Il s’agissait en fait d’un bâtiment bien moins noble que le Temple du Soleil côté droit.
Photo ci-contre à gauche, des serpents (symbole fréquent chez les Incas) gravés Place des Nazarenas.
Sur le site de Sacsayhuaman qui domine Cusco, les blocs sont encore bien plus massifs. (petit conseil : si comme nous, vous avez des difficultés avec les noms Incas, prononcez ‘sexy woman’, on vous comprendra parfaitement).
Bien que les 3 enceintes en forme d’éclairs présentent des angles aigus style Vauban, il ne s’agissait pas au départ d’une forteresse mais d’un lieu de culte. La vue aérienne permet de bien comprendre son organisation en zig-zag.
Le grand cercle de pierre au sommet avait, selon les spécialistes, une vocation astronomique.
Des portes permettaient l’accès à l’intérieur des murailles. Il existe également un inattendu petit amphithéâtre suspendu :
La vue sur Cusco depuis l’observatoire astronomique est galactique et vice-versa :
Le site de Q’emco voisin (moins de 1 km) n’est quasiment pas fréquenté par les touristes. Il vaut pourtant le détour. Moins spectaculaire car bien moins imposant et sans roches taillées, il utilise la roche naturelle, ce qui est plutôt rare chez les Incas. Une étonnante pierre se dresse à l’entrée du site et 2 passages sont creusés sous la roche derrière elle.
Le second, complètement souterrain, abrite un autel destiné au sacrifices, très probablement humains (cf. la découverte de Juanita) :
Infos pratiques : Pour monter aux sites de Sacsayhuaman et Q’emco, le bus blanc ‘Christo Blanco’ possède un arrêt proche de l’entrée principe de Sacsayhuaman. Coût 1 S/p. Si vous ne voulez rien payer, un long escalier y monte dans le prolongement de la rue Pumacurco qui monte par la petite place des Nazarenas, dans le quartier sympa de San Blas. Sinon taxi (20 S minimum) ou collectivo (2 -3 S). Profitez-en pour voir le Christo Blanco, pour la vue la plus complète sur Cusco, situé entre Sacsayhuaman et Q’emco. Boleto turistico obligatoire pour les 2 sites. Il peut s’acheter à Sacsayhuaman mais pas à Q’emco.