DJIBOUTI : Notre première galère

Ceux d’entre vous qui nos suivent depuis longtemps doivent se dire :  » Ils ont toujours l’air de se régaler où qu’ils soient. Ils ne nous disent pas tout ! » Et pourtant si, on vous assure que nous avons vraiment adoré tous les pays que nous avons visités jusqu’à présent. Et à part quelques petits aléas du genre ‘hébergement fermé malgré réservation’ ou ‘retard de bagage’, nous n’avons pas subi de véritables galères. Seulement voilà, tout çà, c’était avant notre arrivée à Djibouti.  Il y est tombé en une journée l’équivalent de 2 années de pluie. Et la pluie ne pas partie des traditions ici. Donc, comme la plupart des rues sont en terre et que beaucoup d’immondices jonchent le sol, la ville est devenue une immense gadoue pestilencielle, dans laquelle les moustiques chargés de palu, dengue et autres Chikungunya font la fiesta comme jamais. Pour atteindre notre AirB&B, le taxi ne peut s’approcher à moins d’un kilomètre vues les hauteurs d’eau. L’arrivée dans la nuit et la boue avec le bagage à roulettes de Joëlle fut un moment d’anthologie. Nous trouvons avec difficulté notre gite puisque les adresses n’existent pas vraiment ici  (merci Maps Me tout de même, sans çà nous n’y serions jamais arrivés). Toutes les maisons sont barricadées ou fermées par de hauts murs. Un gars que nous supposons être le gardien vient nous parler sans que l’on comprenne le moindre mot, mais n’ouvre pas. Il faut que Philippe hausse le ton pour qu’il finisse par nous ouvrir car nous ne savons toujours pas si nous sommes au bon endroit. La villa est belle, avec des colonnades. Mais quand nous découvrons la chambre et surtout la salle de bains et la cuisine pourries, second choc. Les déchets jonchent le sol, tout est dégueulasse. Et comme il n’y a pas d’eau depuis 2 jours, les WC sont remplis jusqu’à ras bord.  Dans ces cas là, on redescend à donf de la pyramide de Maslow pour revenir aux besoins primaires : comment faire ses besoins justement ? Dans la rue, dans la gadoue ? On a repéré en venant à moins d’un kilomètre, un centre commercial flambant neuf, îlot insolite de propreté absolue dans cette mer d’immondices. Peut-être n’a-t-il pas subi les coupures d’eau ? Heureusement non, et on peut se faire un semblant de toilette dans les sanitaires publics. Au retour, comme il n’y a toujours personne pour nous accueillir dans le AirBnB, et que les escadrilles de moustiques attaquent, on se barricade dans la chambre et on n’en sortira plus jusqu’au lendemain. On envoie un mail dans la nuit au propriétaire qui heureusement finira par faire tout nettoyer : cela prendra toute la journée. On comprend alors que le couple qui était resté un mois dans la chambre d’à côté avait tout pourri. C’était un ancien militaire Français venu il y a une vingtaine d’années à Djibouti. Il était avec sa future femme, une Djiboutienne. Elle l’a retrouvé par Facebook, 17 ans plus tard, l’âge de son fils, dont il a appris l’existence il y a quelques mois. Il est donc venu passer un mois ici pour pouvoir faire les papiers et ramener sa Djiboutienne en France. Mais naturellement les formalités sont loin d’être achevées et il a dû retourner seul en métropole. Espérons que ce n’est pas le millième militaire Français qui se fait mettre le grappin dessus pour l’argent et le visa, comme Joëlle en a vu tant lors de son passage ici.

Heureusement, au bout de 24h, un ange nommé Mako est apparu. C’est une ancienne amie de Joëlle avec qui elle avait organisé des sorties et des voyages il y a une quinzaine d’année. Elle nous logera dans son petit hôtel au centre-ville, bien plus propre que la moyenne ici. Elle partagera avec nous sa culture, sa vie et ce sera passionnant.

Depuis le passage de Joëlle en 2003, Djibouti n’en finit pas de se dégrader, comme l’institut Français, dont la façade peut encore faire illusion… de loin.. Ce petit pays pourrait être le Singapour Africain, vu sa position hyper stratégique à l’embouchure de la mer Rouge. Mais un dictateur en place depuis 1999 gouverne sous les apparences d’une République. Il a bradé le pays à la Chine qui le pille sans la moindre retombée économique pour la population, au chômage à 70%. Alors que son peuple vit majoritairement dans la misère, le dictateur a abandonné le magnifique palais présidentiel existant pour s’en construire un autre, en bloquant tout un quartier. Imaginez notre Président de la République qui, ne trouvant pas l’Elysée à son goût, bloque définitivement le périphérique parisien pour se faire construire un nouveau palais.

Même les énormes revenus générés par le loyer des nombreuses bases militaires ne profitent qu’à une infime partie. Pour ne rien arranger, les militaires Français ne viennent plus en famille, et ne génèrent donc plus une grande activité. Les 7 000 Américains ne sortent pas de leur base puisqu’ils se considèrent en territoire hostile et contaminé, et qu’ils ont tout ce qui leur faut à l’intérieur : Mac Do, KFC, et Coca. S’ils sortent de leur cocon, ils ont ordre d’être à plus de 5.

Les Chinois, civils et militaires ne sortent pas non plus de leur immense enclos portuaire (ci-dessus), sauf pour aller rafler une fois par semaine les produits sur le marché. En ville, nous n’avons croisé et sympathisé qu’avec 4 Ukrainiens mercenaires travaillant pour la compagnie aérienne locale : nous leur avions donné un bidon d’essence en mer lorsqu’ils étaient en panne : le pêcheur avec qui ils étaient partis n’avait pas prévu assez de carburant pour le retour ce qui, on vous prévient,  semble assez fréquent à Djibouti.

Dans la ville de Djibouti, très chère et sans aucun intérêt vous l’aurez compris, nous avons tout de même connu quelques bons moments : nous avions tellement apprécié la danse du poulet en Ethiopie que nous avons fait rebelotte au Kokeb, restaurant éthiopien du centre-ville. Un régal avec des danseurs super sympas :

 

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