La PAZ nous déPAZ mais dès qu’on peut, on rePAZ

20 au 25 octobre 2022 : Au départ, nous souhaitions nous arrêter à La Paz uniquement pour changer de bus et filer vers le salar d’Uyuni. Cette mégalopole sans aucun charme, bruyante et polluée, ne nous attirait guère, après nos coup de cœur à Arequipa et Cusco au Pérou. La Paz semblait mal porter son nom qui signifie ‘La Paix’. Puis nous avons réalisé la proximité de la Cordillère Royale et ses 6 000 enneigés dont le magnifique Condoriri. Nous avons aussi eu envie de randonner dans la vallée déserte et spectaculaire de Los Animas, découverte par hasard sur un blog. Nous nous y sommes donc arrêtés 5 jours et cette capitale de folie nous a véritablement scotchés.

D’abord le site : Il nous a stupéfaits, avec cette urbanisation totalement anarchique qui dégouline, depuis l’Altiplano, le long de la vallée- canyon du Choqueyapu, pour s’achever 1000 m plus bas, sous la molaire du diable ci-contre. La capitale n’est qu’une pente permanente, dès lors que l’on quitte El Alto, les bas quartiers les plus hauts du monde, situés sur l’altiplano à 4000 m, eux-mêmes dominés par la Cordillère Royale.

L’alignement d’immeubles hauts s’écoule où s’écoulait autrefois la rivière désormais recouverte depuis le centre historique jusqu’au quartier ‘chic’ de Sopocachi 200 m (en dénivelé) plus bas. Tout autour, la banlieue rouge brique…

… qui remonte jusqu’à El Alto :

L’urbanisme débridé : Il n’y a qu’une seule règle en matière de construction ici : tout est permis. L’architecte des bâtiments de Bolivie doit être sous anti-dépresseurs depuis quelques décennies. Nous n’avons jamais vu un tel mélange anarchique de bâtiments modernes et anciens. La place Murillo, entourée du Parlement, du palais du gouvernement et de la cathédrale, en est un parfaite illustration avec juste derrière la tour de la banque nationale et le gros cube noir des administrations ministérielles :

 

Outre l’écrasement des bâtiments historiques par des modernes, un autre aspect unique apparaît sur la photo suivante. Observez bien tous les détails :

L’horloge, est la seule horloge officielle du monde possédant cette caractéristique : en 2014, le Président Moralès a décidé, pour montrer sa résistance à la domination du Nord (les USA essentiellement) que les aiguilles les plus symboliques du pays tourneraient dans le sens contraire au sens classique. Les chiffres ont été également inversés. Les ombres sur les cadrans solaires tournent en effet dans le sens opposé dans l’hémisphère Sud par rapport au Nord. Une façon d’affirmer l’auto-détermination du peuple bolivien depuis son arrivée au pouvoir.

Nous ne parlerons pas des fils électriques, car le niveau remarquable développé ici n’atteint cependant pas les records Thaïlandais ou Népalais, toujours inégalés dans notre tour du monde.

 

Les Cholets : Encore quelque chose de spécifique et étonnant à La Paz : la réussite économique de certaines familles Aymaras sous l’ère Evo Moralès (le PIB par habitant a triplé en 8 ans, là encore du jamais vu !) leur a permis de construire d’ostentatoires bâtiments aux façades clinquantes, émergeant au milieu des constructions précaires en briques rouges.  Au Rez-de-Chaussée se situent les commerces, dans les étages les salles de réception (les Boliviens font souvent la fête), de sport ou autres et sur le toit, le chalet, la maison où vit la famille. Le terme ‘Cholet‘est d’ailleurs issu d’une contraction entre ‘Cholo’ (indigène) et Chalet.

  

  

Souvent, seule la façade est nickel, les 3 autres côtés restants inachevés en briques apparentes :

  

Les Cholitas : Avec leur chapeau melon anglais (bombin) perché sur la tête, que l’on croit toujours prêt à tomber sur leur 2 longues tresses, avec leur robes espagnoles larges colorées à 3 volants, les femmes Aymaras d’El Alto se sont forgées un look bien particulier. Et elles revendiquent leur culture à fond. A tel point que, apprenant à se défendre, sont peu à peu devenus populaires les combats de catch de Cholitas en tenue. Elles se produisent désormais tous les dimanches au Colyseum d’El Alto dans une ambiance populaire délirante. Devant le succès, un cholet privé en organise pour les touristes aussi les jeudis. Comme nous ne pouvions y aller qu’un jeudi, nous y avons renoncé.    

Las Brujas : autrement dit, les sorcières. Attention, âmes sensibles, déroulez la page vers le bas rapidement pour ne pas voir la photo qui suit. A l’intersection des rues Santa Cruz et Jimenez, quelques boutiques attirent irrésistiblement l’attention : que font suspendus ainsi ces petits alpagas ? En fait, ce sont des fœtus qui sont toujours aujourd’hui enterrés dans les fondations des maisons pour porter chance au chantier et aux propriétaires. Les cholitas qui tiennent ces boutiques peuvent aussi, comme le montre la liste sur le côté droit, résoudre vos soucis d’argent, ou encore vous aider dans vos négociations commmerciales. Pour mettre toutes les chances de réussite de son côté, un petit coup de main de la vierge est apprécié. Très curieux mélange, bien dans l’esprit cette ville de dingues bourrée de contrastes.

 

Les télécabines : Impossible désormais d’évoquer La PAZ sans ses ‘œufs’, omniprésents. En 10 ans, sous l’impulsion d’Evo Moralès, le 1er Président indigène d’Amérique (il parait qu’il ne faut plus dire Indien), 10 lignes ont été construites. C’est le métro aérien de La Paz qui permet aux banlieues pauvres de ne plus être isolée par les sempiternels bouchons de la ville. Chaque ligne est appelée par sa couleur, c’est simple et efficace. Nous aurions aimé trouvé les plaques ‘Poma’ sur les remontées mécaniques histoire de pousser un Cocorico relatif (Pomagalski est désormais contrôlé par un groupe Italien), mais ce sont les Suisses qui ont emporté cet énorme marché. Il faut reconnaître que le matériel est top et le confort exceptionnel.

 

 

 

Autres surprises en vrac : Vous tomberez çà et là dans La Paz sur des bus aux allures sympathiques, ou  sur de moins sympathiques mannequins pendus à une potence avec un panneau ‘J’étais un voleur’.  Nous devons dire que, malgré la réputation de la ville dans les guides et sur le net, nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité, même dans le quartier populaire d’El Alto.

 

Et devinez à quoi est consacré l’un des rares musées de la capitale de la Bolivie ?

A un truc qui n’existe pas : le littoral bolivien. C’est pourtant bien écrit sur la façade du bâtiment bleu ci-contre. En effet, la Bolivie est enclavée depuis qu’elle a perdu la guerre du pacifique contre le Chili, il y a un siècle et demi. Mais elle ne s’est toujours pas remise de la perte de son accès à la mer, sujet toujours très sensible dans les relations entre les 2 pays.

Infos pratiques : pour vous déplacer, autant que pour le spectacle, n’hésitez pas à prendre les télécabines. Les 2 montées vers El Alto (ligne rouge ou mauve) sont les plus spectaculaires. Elles vous permettent de plus, les jeudis et dimanches d’aller à l’un des plus grands marchés du monde.

Car La Paz donne l’impression d’être un gigantesque marché quasi permanent. Outre celui d’El Alto, celui de Buenos Aires est également immense et délirant : les rues entre la place San Francisco (de los Heroes) et l’avenue Buenos Aires ressemblent à un immense souk. Notre taxi s’est trouvé bloqué un vendredi soir au milieu de cette fourmilière : nous avons pensé un long moment manquer notre bus de nuit pour Uyuni.

Pour les souvenirs, la rue Linares est le meilleur endroit de loin, avec la rue Sagarnaga qui la croise. C’est d’ailleurs dans ce secteur que nous vous conseillons de loger. Quartier bien placé, calme pour La Paz, et offrant les meilleurs hébergements en rapport qualité/prix.

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