Lac TOBA : du cataclysme au tourisme

19 au 22 mai 2018 : 1er échauffement sur la Trans-Sumatra : 8 h de bus jusqu’au lac Toba depuis Bukit Lawang pour moins de 200 km (ce qui donne une petite idée de l’état des routes et de la circulation sur cette île, ce d’autant plus qu’ils conduisent le plus vite possible). Route longue mais superbe vue sur le lac dans les derniers km à l’arrivée sur Parapat. Ils ont construit un tas des plateformes en surplomb fragile en forme de cœur, de voiture, voire d’hélicoptère…  pour les selfies des Chinois. Nous prenons le dernier bac à 18h à Parapat. Ballade très agréable, so romantic, de 40 minutes sur un lac d’huile jusqu’à Tuk Tuk sur l’île de Samosir au centre du lac. Des îles végétales flottent au milieu de ci de là. Le bac fait le tour de ce village en forme de presqu’île circulaire pour déposer chacun sur le quai de son hôtel ! Un grand luxe totalement sidérant au regard de la rusticité de notre guesthouse : nous avons opté pour une authentique maison Batak au détriment du confort. Pour l’authenticité nous sommes ravis : toute en bois avec les murs inclinés vers l’extérieur et le toit en selle de cheval, l’immense chambre donne directement sur le lac d’un côté et les coqs de l’autre. Avouons humblement que, si nous avons apprécié le lieu, nous ne sommes restés qu’une nuit avec comme objectif de retrouver une douche et un lavabo plutôt qu’un robinet d’eau froide qui s’épanche sur sol, et si possible, soyons fous, une prise électrique, Entre le quai et notre chambre, nous rencontrons Christelle et Manu; Heureux d’échanger avec des Français pour la première fois depuis la Thaïlande, d’autant plus qu’ils sont très sympas. Du coup nous dinons ensemble. En dessert, nous découvrons l’excellente salade de fruits coco mueslim … pardon, muesli. A la fin du repas, Joëlle découvre une énorme tâche de sang sur sa robe. Pourtant, elle ne ressent aucune douleur et après nettoyage, elle n’a qu’un petit trou qui saigne sur la peau du dos. Le moins qu’on puisse dire est que cela nous plonge dans une grande perplexité. Nous ne trouvons qu’une seule explication plausible : une sangsue qui se serait invitée ? Internet nous indique que ces bestioles se détachent quand elles se sont gavées de sang et injectent un anesthésiant qui empêche la victime de ressentir quoi que ce soit pendant qu’elle fait son affaire. Mais elles sont réglos : elles ne transmettent pas de maladies. Parmi les baroudeurs, si quelqu’un a fréquenté ces créatures, merci de nous confirmer ou pas cette piste criminelle avant que nous lancions les tests sanguins ADN habituels.

Le lendemain sur la terrasse panoramique du Laster Jony Guesthouse, découverte du ‘galatti guacamole with vegetables’ au petit déjeuner : une sorte de pizza froide dans laquelle la sauce tomate serait remplacée par du guacamole. Dans les autres restos, elle sera moins sublime.

Christelle et Manu qui partent sur Aceh au Nord nous indiquent le Samosir Cottages Resort qui négocie à moitié prix (les hôtels sont quasi vides à Tuk Tuk en mai)  pas loin avec vue sur la mer et piscine. Le top pour le prix… un petit détail nous avait échappé lors de la négociation : l’hôtel abrite un gros nid de Chinois. Ah les touristes Chinois ! Si vous en avez cotoyé une fois, vous vous en souvenez à vie. Et si vous avez eu la chance d’y échapper jusqu’à présent, comment vous dire ? Ils sont bruyants comme des Italiens, ils prennent des photos (dont 98% de selfies) comme des Japonais, ils se déplacent en troupeaux comme des moutons Néo-Zélandais, ils ne fréquentent aucun site touristique situé à plus de 30 mètres d’un parking de bus comme des retraités Américains (c’est là que réside notre meilleur espoir d’y échapper), et ils sont totalement sans gêne comme des… Chinois (sur ce coup ce n’est pas du manque d’imagination, c’est que nous n’avons jamais rencontré un peuple qui se soucie aussi peu de l’autre). Notre instinct de survie nous indique la seule stratégie possible : la fuite. Nous partons donc sur le champ en scooter faire le tour de l’île de Samosir. Magnifiques paysages au centre de cet immense lac Toba de 100 km de long si paisible aujourd’hui. Pourtant, le cataclysme qui l’a créé  (l’explosion du plus gros super volcan de ces derniers 25 millions d‘années) aurait pu éradiquer, entre autres, l’espèce humaine. De nombreux scientifiques pensent qu’il n’en a éradiqué que la moitié il y a 75 000 ans. Car les 850 km3 de cendres  et de souffre émis ont bouleversé l’équilibre planétaire, entrainant une baisse de température de 6°C (et dire qu’on rame pour empêcher une hausse de 2°C !) et la glaciation qui va avec. Il reste aujourd’hui de ce cataclysme planétaire le plus grand lac volcanique du monde avec son cône central devenu l’ile de Samosir que nous découvrons avec délectation. De nombreuses maisons et villages traditionnels dans toute l’île. Les animaux vivent en-dessous et elle ne comporte qu’une seule grande pièce avec mezzanine. Il fait très sombre à l’intérieur car la porte d’entrée est toute petite et il n’y pas de fenêtres dans le toit qui descend  très bas, toba diront certains (Velux a un marché en or ici). Les Bataks qui vivent dans la région du lac Toba, anciens cannibales reconvertis, sont aujourd’hui chrétiens, noyés au cœur du pays musulman le plus peuplé de la planète. Surprenant de se dire que tous les Bataks que nous avons croisés étaient des descendants d’antropophages tellement ils étaient adorables. Surprenant également après avoir vu autant de mosquée notamment en construction, de tomber sans

crier gare sur autant d’églises. Dans les champs, émergent de temps en temps des mini-maisons Batacks. Ce sont en fait des tombes.  Nous franchissons le petit pont qui relie l’île Samosir à l’île de Sumatra qui la contient et gravissont en quelques dizaines de km, 1000 m de dénivellé (estimation car aucune info trouvée) jusqu’à Tele. De là-haut la vue est magnifique mais le lac est trop grand pour le voir entier malgré le dénivellé. Encore une colonie de macaques la-haut au bord de la route mais on ne se lasse pas de les regarder avec leur petits… de trop près probablement car un mâle dominant vient nous agresser, les babines retrousées. C’est fou comme de si petits singes ont de si grandes dents…

Au retour vers 19h30 à l’hôtel, Ouf ! Les Chinois sont partis, nous avons l’hôtel pour nous, une ou deux chambres seulement sont éclairées. Piscine en bordure du lac, éclairage tamisé sur la déco Batak. So romantic !  21h : une rumeur enfle progressivement dans l’hôtel. Un simple regard entre nous confirme à l’autre que oui, le ciel va nous tomber sur la tête : les Chinois sont de retour !!!! Et bien entendu, ce sera l’enfer jusqu’à une heure du matin. Inconcevable dans notre univers occidental : ils ont hurlé, joué, mis la musique à fond au beau milieu de l’hôtel comme s’ils étaient seuls au monde.  Cela nous a halluciné et fait marrer, mais plus sérieusement, pour l’avoir aussi observé en Chine ce comportement pose question quand on sait qu’en plus ils sont très entétés quand ils veulent quelque chose. Ce qu’ils ont fait au Tibet et à Hong Kong en séance d’entrainement continuera probablement avec Taïwan puis… Nous avons été impressionné par tout ce qu’ils développent au Laos et ce n’est qu’une infime partie de leur stratégie de développement largement entamée en Afrique par exemple, et qui est en cours sur tous les axes clés comme les nouvelles routes de la soie. Nous sommes convaincus que vu leur comportement et vu qu’ils s’arment  à tour de bras, ce sera une des préoccupations majeures des décennies à venir. Précision : quand nous parlons des Chinois, il s’agit des Hans, l’ethnie largement majoritaire. Les ethnies minoritaires elles, ont un comportement totalement opposé qui se rapproche de celui que nous avons rencontré en Thaïlande, voire en Malaisie ou Indonésie même si la religion est différente.

Ci-contre un des rares cochons d’Indonésie dans cette enclave chrétienne.

Un guide parlant bien français nous apprend notamment que chez les Bataks, la véritable richesse n’esst pas financière. Tout humain change 3 fois de nom dans sa vie.  D’abord on lui donne un prénom, puis quand il a un enfant il s’appelle ‘‘Papa + nom de l’ainé(e)’’ puis on lui donne le nom de ‘‘grand-père + nom du premier petit-fils ou fille ’’. Ainsi Phi qui s’appelait jusqu’au 18 Avril dernier ‘‘Papa Sébastien’’ se serait appelé ‘‘ Grand-père Théo ’’ ou en Batak ‘‘ Omut Théo ’’ à partir du 19 avril. On découvre également des sculptures représentant 4 seins (à gauche). Seins = fertilité, 4 seins = grande fertilité, et chez les Bataks, famille nombreuse = famille riche car les enfants et petits-enfants sont pour eux la véritable richesse. Intéressant non ?

Beaucoup moins réjouissant, nous découvrons en réservant les hébergements sur Sumatra par booking, que pas mal d’entre eux indiquent que, si un couple ne fournit pas de certificat de mariage, il ne peut partager la même chambre, il doit en prendre 2 ! Ce n’était pas le cas il y a 20 ans. Cela nous a fait définitivement passer l’envie d’aller plonger dans le Nord de Sumatra dans la région d’Aceh, la plus durement touchée par le tsunami en 2004. Là-bas, la charia est carrément appliquée : flagellations publiques en cas de relations sexuelles avant mariage, couvre-feu, police islamique et tout le toutim…*

Infos pratiques pour Tuk-Tuk – Lac TOBA : – Beaucoup d’hébergements sympas tout autour de la presqu’ile de Tuk-Tuk en bordure du lac. Première nuit dans une maison Batak (ci-contre vue lac depuis la chambre)  au Laster Jony’s. Rustique mais authentique (cf texte au début de ce post). 200 000 Rp la nuit. Comme à tous les hôtels de Tuk Tuk, les bateaux vous y déposent et le Laster Jony’s est le dernier lorsque le bateau fait ½ tour. Cuisine excellente. La clim est inutile pour tout le lac Toba car vu l’altitude, il y fait très bon.

– 2 autres nuits au Samosir Cottages. Rapport qualité prix excellent hors saison car ils négocient les prix presque de 50%. Chambre (ci-contre) avec vue lac rt piscine (ci-dessous) obtenue à 250 000 Rp. Mais attention il peut y avoir des groupes de Chinois, et ce sera l’enfer sonore !

– Transports : Pour l’aller depuis Bukit Lawang le prix du billet de bus inclut celui du bateau de Parapat à Tuk-Tuk

(40 minutes plus le tour des hôtels puisqu’il s’arrête devant le vôtre). Au retour le bateau passe devant les hôtels toutes les heures et coûte 15 000 Rp/p (40 minutes mais attention, qu’à partir du moment où il a décidé de traverser, cf texte plus haut) puis taxi (10 minutes jusqu’au terminal bus 5000 Rp/p

2 thoughts on “Lac TOBA : du cataclysme au tourisme

  1. Rejoignez nous à Corfou,zéro chinois en vue !!!
    Quand vous serez aux Celebes,vous nous ferez une étude comparative avec l’habitat du lac toba. Biz.

  2. On vous rejoint plutôt à Flores finalement 😊 Pour les Chinois, on ne va pas se plaindre, on y avait échappé jusque là. Et nous n’avons eu qu’un troupeau ! Ceci dit on sait maintenant qu’à des doses supérieures, il faudra faire tomber les masques à oxygène pour Joëlle et en Chine elle ne survivra pas !

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